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Équipe SEA (Savoirs et Espaces Anglophones)

Direction

Les membres

Axes de recherche

En étroite résonance avec les deux autres axes de l’équipe interne SEA, notamment pour leur contribution à la réflexion sur les notions d’espace et de discours, l’axe « Écritures du politique / Politiques d’écriture » aborde l’aire géographique et culturelle anglophone (principalement États-Unis, Grande-Bretagne, Irlande, Afrique du Sud, Caraïbe anglophone) sous l’angle de l’écriture et du politique. Écriture et politique sont ici pris dans leur diversité de sens et tels qu’ils réfléchissent la dyade savoir/pouvoir, mais sont aussi considérés pour ce que leur mise en tension peut signifier des « manque-à-penser » de la connaissance. Réflexion épistémologique sur la construction et l’évolution des identités culturelles du monde anglophone, dans une diversité d’objets et de méthodes, empruntant tout autant aux disciplines traditionnelles des Lettres et des Sciences de l’Homme et de la Société qu’aux champs émergents, notamment outre-Atlantique (études africaines américaines, diasporiques et postcoloniales, études sur le genre et les sexualités, cultural studiesmedia and performance studies), l’axe « Écritures du politique / Politiques d’écriture » s’intéressera particulièrement aux expressions des groupes minoritaires ou minorés et aux conditions politiques que le sujet y a de produire l’écriture de ses identités, qu’elles ressortissent à la nation ou la communauté, à la race ou à l’ethnie, aux genres ou aux sexualités, à l’histoire ou à la culture.

Au carrefour de la textualité, des théories du sujet, de l’approche sociologique ou culturaliste, mais aussi en prise avec l’histoire, les sciences politiques, la littérature et la philosophie, cet axe de recherches interdisciplinaires a pour double vocation d’étudier les écritures politiques dans la pluralité de leurs formes, ainsi que d’explorer, à partir même de cette pluralité, les possibilités politiques d’un décloisonnement des champs du savoir en Lettres et dans les Sciences de l’Homme et de la Société.

Dans cette perspective, l’axe « Écritures du politique / Politiques d’écriture » sera, dès septembre 2013, porteur d’une action transversale à trois laboratoires de l’Université Paris-Est (IMAGER, LISAA et LIS) : « Trans-Est : Genres, Sexualités et Transculturalités ».

Synergie transdisciplinaire, « Trans-Est : Genres, Sexualités et Transculturalités » se conçoit comme une action étudiant les espaces sociaux, politiques, imaginaires et fantasmés tel que le sujet genré et sexuel les (ré)invente malgré les déterminations et les significations culturelles et disciplinaires que l’on élabore pour lui et au-delà du couple notionnel identité/différence. Dans une perspective transculturelle associant à l’aire géographico-culturelle anglophone, les espaces français et francophone, roman et hispanique, ainsi que germanique, « Trans-Est : Genres, Sexualités et Transculturalités » s’intéressera également à la circulation de textes théoriques, littéraires et politiques, ainsi qu’aux échanges artistiques, tels qu’ils ont pu nourrir et s’inspirer des mobilisations collectives et socio-politiques émancipatrices. Plus largement, ce projet sur les genres et les sexualités, qui regroupe à ce jour une vingtaine de chercheurs et de doctorants, permettra de réfléchir à l’enjeu contemporain que sont l’organisation, dans les espaces territorial, national et international, des centres de production scientifique et la place que l’on y accorde à la transformation sociale.

L’action « Trans-Est : Genres, Sexualités et Transculturalités » fait partie du programme de recherche et de formation par la recherche en cours d’élaboration « ITS : Identités, Transculturalités et Savoirs » dont le volet formation est constitué du « Master Cultures Pro. International », consacré à la culture étrangère, aux enjeux théoriques, socio-politiques et géopolitiques liés à sa compréhension et à la dimension pratique de sa médiatisation. Le volet recherche de ITS, outre l’action « Trans-Est », comprend un volet international appelé « EAST: Euro-American and African Scientific Transfers », spécifiquement consacré à la transculturalité, aux transferts culturels d’un groupe humain à un autre, à la pollinisation des savoirs, au processus d’hybridation et de mutation dans les identités et les cultures humaines, prises en elles-mêmes et entre elles, et à l’étude des espaces en tant qu’ils vectorisent ces mutations, notamment ceux des Amériques, de l’Europe et de l’Afrique. Le projet EAST sera réalisé à l’appui de l’Institut des Amériques et du Collegium for African American Research. Il pourra être, pour l’axe « Écritures du politique / Politiques d’écriture », une des actions de recherche déterminante du prochain contrat quinquennal. Un colloque sera organisé pour concrétiser ces collaborations et diffuser les résultats : « Dire ou ne pas dire le genre. Le genre et ses représentations » dans le monde anglophone.

L’équipe de recherche (SEA) se propose d’explorer le savoir dans ses aspects pluriels (le savoir/ les savoirs/ les savoir-faire) dans une perspective tant diachronique que synchronique. Une des pistes de recherche sera la question de la fragilité ou de la vulnérabilité des savoirs (notamment sous l’effet des mutations sociales, économiques et culturelles) et de leur mise en valeur (préservation, archivage, politiques publiques patrimoniales). Nous nous poserons la question des enjeux politiques et économiques de ces politiques et des modalités de leur mise en œuvre. Le choix d’une approche multidisciplinaire et transculturelle permettra de développer un projet à dimension transversale intégrant les différents champs de recherche représentés au sein de l’équipe (SEA) et d’autres laboratoires. Dans le prolongement de ce premier axe, nous nous intéresserons aux mutations (technologiques, sociales, culturelles et économiques) en rapport avec la question du savoir. Nous chercherons à déterminer et analyser quels sont les effets de ces transformations sur le savoir tant du point de vue du contenu, de la forme que des modes d’acquisition et de production de ce dernier. Dans quelle mesure un accès plus large aux sources et des modes de diffusion transformés sous l’effet du développement de nouvelles technologies entraînent-ils une modification de l’organisation sociale, de nouvelles pratiques, une redéfinition des problématiques et l’émergence de nouvelles communautés ou de nouveaux acteurs du savoir ? Ce dernier point nous conduira à explorer le rapport entre savoir, pouvoir, démocratie et démocratisation. Nous nous demanderons si une plus grande horizontalité dans les modes d’accès et de production du savoir nourrit véritablement le processus de démocratisation et assure une plus grande autonomie des individus. Le savoir comme source de pouvoir, de contrôle et d’autorité est-il remis en cause par les mutations technologiques, sociales, économiques et culturelles et si oui, de quelles manières ? Il conviendra par ailleurs de s’interroger sur l’existence de nouveaux espaces du savoir en dehors des espaces institutionnels et de la possible transformation de ces derniers, par exemple sous l’effet de mise en concurrence des universités au niveau international. Outre les espaces virtuels, l’équipe de recherche (SEA) explorera les possibilités offertes par les espaces non institutionnels dans le domaine des arts (théâtre, poésie, performances et arts urbains). L’étude de nouvelles propositions et dispositifs de « savoir partagé ou co-produit » nourrira une réflexion autour des notions de transmission, de partage et de praxis.

Enfin, au-delà d’une conception du savoir comme un contenu résultant d’un processus, il semble impératif de poser la question des formes qu’il revêt et des langages qu’il adopte, quand on voudrait croire, par exemple, à l’objectivité et la transparence du discours scientifique. Une des questions au cœur du savoir est ainsi celle de la tension entre contenu(s) et forme(s) du savoir. Il s’agira de s’interroger sur les nouvelles modalités de cette dichotomie ancienne entre fond et forme : dans quelle mesure convient-il d’inventer de nouveaux formats de pensée et d’écriture pour réfléchir à de nouvelles réalités scientifiques ? Doit-on penser que les formes que revêtent les connaissances de la communauté scientifique sont avant tout conditionnées par la substance même des découvertes réalisées ou peut-on s’en remettre au potentiel heuristique des formes elles-mêmes ? Ou bien s’agit-il d’un faux débat, bien que très ancien, entre fond et forme du savoir, les deux pôles de cette tension étant indissociablement liés ? Il devient alors crucial de lire cette dernière à l’aune du fait culturel et de la culturalité du regard que l’on porte sur la forme et sur son interprétation. L’aire anglophone du groupe SEA des enseignants chercheurs du LISAA est un espace où les problématiques culturelles, diverses, imposent une perspective transversale de recherche. Les différents espaces socio-culturels (que l’on pense à l’Amérique du Nord, à la Grande Bretagne ou bien à l’Afrique du Sud, l’Australie ou la Nouvelle Zélande, par exemple) mènent à autant de perspectives différentes sur le savoir. Ces perspectives pourront, au-delà d’une langue commune, s’articuler aux recherches des chercheurs en lettres modernes et en cultures hispanophones du LISAA : le sud des États-Unis pouvant, par exemple, devenir un lieu d’exploration commun à la croisée de plusieurs cultures et pratiques de la langue.

Poser la question de la tension entre contenu(s) et forme(s) du savoir, la reposer, semble nécessaire, notamment à une époque des politiques universitaires et culturelles ou la pluri- et trans-disciplinarité est encouragée. Quelle incidence sur le savoir comme contenu le croisement des rhétoriques a-t-il ? Emprunter le langage d’une discipline pour le traduire sur le champ d’une autre, n’est-ce pas relativiser une forme qui se présente comme naturellement liée à son objet d’étude et, partant, ouvrir de nouvelles voies sur le champ du savoir ? La tension entre fond et forme du savoir amène donc à se poser la question de la totalité et de la finitude d’un objet ou d’un champ scientifique. Ces interrogations militent contre l’idée d’une clôture du savoir sur lui-même, pour une conception du savoir en termes d’ouverture et de pluralité. Elles mènent aussi à l’exploration des formes littéraires, artistiques et culturelles dans leur diversité, qu’il s’agisse des écritures romanesques, poétiques, théâtrales, du croisement entre fait littéraire et fait critique, ou bien de la performance comme réinvention de la forme, des arts urbains comme proposition d’un nouveau rapport au savoir.

En d’autres termes, le savoir n’est pas qu’un ensemble de données à priori qu’il s’agirait de découvrir et mettre à nu, il est aussi le résultat de la mise en action de formes de pensée et de langage : les rhétoriques elles-mêmes peuvent êtres productrices de savoir, et non secondaires, à condition qu’elles ne s’imposent pas de façon exclusive et totalisante. Le latin sapere qui nous a donné « savoir » signifie connaître et goûter. L’idée de goûter indique la découverte d’une saveur et d’une consistance, dans le même temps. Il indique aussi l’idée d’un début qui demande à être continué et confirmé : le savoir comme processus et expérience. Cette conception et cette pratique du savoir seront au cœur du Master Cultures Pro. International qui sera en partie adossé à cet axe.

Cet axe permet en particulier de mettre à profit les compétences linguistiques de l’équipe. L’activité des recherches est motivée par des interactions internes et externes. Concernant les interactions internes, il s'agit de s’inscrire dans des réflexions transversales avec les autres axes de l’équipe et au-delà avec les champs disciplinaires des équipes internes du LISAA. Un angle de travail notamment intéressant concerne la réflexion sémantique des lexiques, de la langue technique et de la langue courante, de même que la dimension didactique et l’étude des conditions d’acquisition des langues vivantes. Il s'agit notamment de conduire des recherches sur les types de discours ou de méta-discours autour desquels gravitent la diffusion des savoirs, et de s’intéresser aux réseaux sémantiques, aux phénomènes grammaticaux et à la dynamique des interactions sur lesquels ils reposent. Au niveau des interactions externes, il s’agit de poursuivre et si possible d’amplifier l’expérience du partenariat qui avait été établi entre le GL et le LIDIL12, partenariat dont l’expérience a montré qu’il débouchait sur une dynamique enrichissante pour tous. Cette collaboration reste d’autant plus pertinente qu’elle consolide la réflexion autour de l’axe linguistique grâce à la complémentarité théorique qu’offre le LIDIL12 (énonciation, interaction, didactique, contrastive), qui accueille également des germanistes, et qui met en plus en avant les dimensions contrastives et diachroniques. Par ailleurs, le GL était impliqué dans projet de données de corpus (projet CODEXT), mis en place par le Professeur Lucie Gournay (UPEC), et qui consiste dans un premier temps à monter un corpus aligné de débuts de romans contemporains anglais et leur traduction vers le français. Il s’agit là aussi d’une dimension importante dans le travail d’appréhension des textes et des discours au sens où l’on accède à une vision comparée, de langue à langue, du traitement des réseaux sémantiques, grammaticaux et lexicaux. Le projet peux ainsi être amené à évoluer vers l’alignement d’autres types de textes, sur le modèle du Corpus Of Contemporary American English qui segmente le corpus en fonction du type de sources (presse, littérature, académique…) ou bien sur d’autres langues et registres. L’objectif ici encore est de permettre la mise en place d’outils de travail pour l’analyse de l’activité linguistique qui tisse la sémiotique des savoirs, à la fois pour la recherche fondamentale – qui mène à une meilleur compréhension des sciences cognitifs et humaines – mais aussi avec un accent sur le didactique/pédagogique afin d’appliquer le fruit des recherches sur le terrain pédagogique.

Dans le cadre du projet scientifique de l’Initiative FUTURE centré sur la « ville de demain », les EC anglicistes et américanistes du LISAA se dotent d’une thématique, intitulée « ville et représentation », transversale aux trois axes structurants du groupe SEA. La nécessité de cette thématique naît d’un constat quadruple : 

  1. Transdisciplinaire par nature, la ville est – et doit être – le point d’articulation et d’intersection de champs de recherche différents. 
  2. La ville ne peut s’inventer dans une pure technicité ou prétendue objectivité scientifique, sans le concours des sciences humaines.2.  
  3. La ville de demain ne peut s’inventer sans mémoire de celle d’hier et l’analyse de celle d’aujourd’hui. 
  4. La ville est une fiction aux sens étymologique et courant du terme : inventer la ville, c’est la « façonner », la chercher et la « trouver par l’imagination ».

Être et tenir lieu : la ville comme représentation
La ville comme représentation invite à penser la réalité urbaine en termes dynamiques, c’est-à-dire à la fois comme phénomène à posteriori (l’existence de la ville est déterminée par des représentations d’ordres divers) et comme un phénomène générateur de représentations (la ville n’est pas seulement tributaire de représentations passées, elle les actualise, les invente et les prescrit). Par représentation, on entendra le fait de « rendre sensible au moyen d’une image, d’une figure, d’un signe » et on se demandera de quoi la ville est l’image, le signe, ce qu’elle figure en termes socio-culturels, économiques et politiques. Si représenter c’est rendre sensible, la question de la matérialité de la ville dans sa relation aux corps (individuels et collectifs) constitue déjà une des pistes de réflexion du groupe. Représenter, c’est aussi « montrer, présenter aux yeux de tous son état, sa condition sociale » : dans sa diversité, la ville est un tissu de représentations sociales, économiques et politiques, la manifestation des statuts des individus et des groupes et ainsi celle d’un ordre et d’une hiérarchie. Si l’on dit par ailleurs que représenter c’est « tenir lieu d’un autre élément » ou « remplacer quelqu’un, agir à sa place », alors on voit que la ville pose la question de la représentation politique du peuple par les élus. La problématique de la démocratie et du régime politique ne peut pas être pensée en dehors de la relation du phénomène urbain à l’État-nation : « le fait de représenter (le peuple, la nation) dans l’exercice du pouvoir » peut-il être la seule prérogative des villes ? De cette question découle la nécessité de penser la ville dans sa relation à sa périphérie et au monde rural. La croissance exponentielle des villes modernes pose la question des systèmes de représentation politique et du lien entre l’individu et le corps politique.
Enfin, on pensera aussi à la ville-représentation au sens théâtral du terme : la ville comme scène privilégiée de la société médiatique. Spectacle permanent, la ville hyper-media multiplie ses stratégies d’affichages qu’il s’agit de lire et déchiffrer.
Ce que la ville veut dire : pour une poétique politique
Nous proposons d’entendre la ville-représentation comme un langage dont il s’agit d’étudier la grammaire et la syntaxe, et les différentes rhétoriques qui la prennent comme objet et enjeu.  Si la représentation est le « processus par lequel l’art renvoie à une réalité extérieure absente », si la ville fait jouer les principes de « mimesis, d’imitation et de figuration », nous sommes alors invités à nous demander ce que la ville veut dire. Cette question mène à la nécessaire invention d’une poétique politique, au sens étymologique de ces deux termes : du grec poien, « faire », « créer », « fabriquer » et polis « cité-État ». Inventer la ville de demain, c’est donc en trouver et travailler les formes, pas uniquement littéraires ou verbales, techniques ou scientifiques, mais tout cela à la fois.

Contacts

Nedjima Hassaoui

Responsable administrativenedjima.hassaoui@univ-eiffel.fr01 60 95 71 15