Collection série Gustave Flaubert
La nouvelle « Série » Flaubert
Aux éditions Des Lettres modernes - Minard
Responsable : Gisèle Séginger
La série « Flaubert » (créée par les Éditions Minard) a cessé de paraître pendant une dizaine d’années après la publication de quatre volumes entre 1984 et 1994. Raymonde Debray-Genette rappelait, dans l’introduction de la première livraison (Flaubert, et après...), la place de Flaubert « au centre de toute réflexion moderne sur le métier d’écrire et la finalité de l’œuvre littéraire » ainsi que son rôle dans l’histoire littéraire – il a été parfois réclamé comme chef de file. Elle regrettait qu’il fût pourtant « plus maltraité que des contemporains » comme Mauriac ou Céline : aucun projet d’œuvres complètes n’était alors en cours à la « Bibliothèque de la Pléiade » et de surcroît il n’avait pas de « pénates ». La série « Flaubert » devait lui en donner.
Il s’agissait aussi, selon ce projet, de promouvoir un nouveau type de critique. Le programme esquissé remettait en cause l’idée d’une hiérarchie des œuvres – l’analyse important plus que l’évaluation – et se proposait d’aborder Flaubert dans son ensemble, sans négliger les textes moins connus, aux « deux extrémités » de sa carrière. Le projet développait aussi une réflexion générale (mais sans rapport avec ce qu’a ensuite réalisé la série) sur les principes d’une édition moderne, faisant une place aux manuscrits. Le texte programmatique de 1984 défendait quelques grandes idées qui ont surtout présidé au développement des études génétiques dans le groupe « Flaubert » à l’ITEM : l’étude des manuscrits comme « avant-textes » s’oppose au fétichisme du texte, les manuscrits présentent un travail délicat de mise en texte qui peut constituer en lui-même un objet d’étude. L’étude du travail, de la production du texte devait recentrer la critique flaubertienne et l’ouvrir aussi aux études intertextuelles (à l’analyse des réécritures flaubertiennes ou de l’essaimage des textes flaubertiens chez d’autres auteurs).
Malheureusement après deux numéros thématiques sur les mythes et les religions qui réunissaient en effet des articles sur des œuvres moins connues et faisaient une place, selon le programme annoncé, à la fois à la génétique et aux études intertextuelles, un dernier numéro « Intersections », plus hétéroclite, laissait en suspend la série.
Ces dernières années de nouveaux noms sont apparus dans la critique flaubertienne et tandis que le centre « Flaubert » de l’ITEM propose toujours régulièrement des conférences et a développé son site Internet avec la publication d’une revue en ligne, un second centre « Flaubert » s’est développé à l’université de Rouen. Son site Internet propose de nombreux dossiers génétiques, la Correspondance en ligne, des dossiers iconographiques, et diffuse des informations sur l’actualité flaubertienne ainsi qu’une revue thématique en ligne. Par ailleurs un grand chantier s’est ouvert, l’édition des œuvres complètes dans la « Bibliothèque de la Pléiade » (par une équipe placée sous la direction de Claudine Gothot-Mersch), dont le premier volume est sorti en 2001, tandis que s’est achevé la publication de la correspondance entreprise par Jean Bruneau sous la responsabilité d’Yvan Leclerc et qu’un dictionnaire Flaubert est en cours de préparation (sous la direction de Gisèle Séginger, avec la collaboration d’Anne Green, Yvan Leclerc, Norioki Sugaya. La vitalité des études flaubertiennes est donc incontestable. L’interruption de la série « Flaubert » pendant une dizaine d’année était d’autant plus regrettable.
La nouvelle série lancée dans les années 2000 rouvre un espace de recherche et de débat où peuvent se faire entendre des voix diverses. S’il est bien admis désormais – comme le montrera la nouvelle édition des œuvres complètes dans la « Bibliothèque de la Pléiade » - que les manuscrits sont indispensables à une connaissance du travail de l’écrivain et de l’œuvre publiée, la série « Flaubert », sans écarter les études génétiques intéressantes pour le sujet du volume, ne limite pas son champ d’étude au travail de l’écrivain et tient compte de la diversité des méthodes critiques actuellement employées. Les œuvres les moins étudiées autrefois (les textes de jeunesse, Les Tentations, Salammbô, le théâtre) le sont encore dans une large mesure aujourd’hui, à l’exception de Bouvard et Pécuchet, aussi la série leur réservera-t-elle une bonne place. Bien des voies restent encore à explorer – qui ont été un peu oubliées pendant l’expansion de la critique génétique dans les années 70 et 80 – dans les domaines de l’épistémocritique (l’étude des savoirs à l’œuvre), de la poétique du roman, en particulier.
La nouvelle série « Flaubert » propose des volumes thématiques centrés soit sur un thème soit sur une œuvre. Elle accueille aussi des contributions spontanées et comporte une partie de « Mélanges ». Elle prend au débat critique dans l’actualité des publications grâce à son « Carnet critique » (avec des articles qui dégagent les enjeux critiques des études retenues) et à ses recensions plus rapides.
Volumes publiés
Dix ans de critique. Notes inédites de Flaubert sur l’Esthétique de Hegel, 2005.
Les articles proposés et les ouvrages pour recension (avec la mention « Série Flaubert – pour compte rendu ») sont à envoyer à Gisèle Séginger : gisele.seginger@u-pem.fr – Université Paris-Est Marne-la-Vallée, centre de recherche LISAA – Bâtiment Copernic – 5 boulevard Descartes, Champs-sur-Marne, 77454 Marne-la-Vallée Cedex.
Pour plus d'informations, voir aussi le site internet Série Gustave Flaubert