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Les trois axes de recherche

L’Unité souhaite participer activement aux recherches sur la ville durable qui sont au centre de la nouvelle Université Gustave Eiffel et de l’I-SITE. Elle répondra ainsi aux sollicitations des pilotes de ces institutions qui souhaitent augmenter la part des SHS dans la construction des réponses aux défis à venir. Le LISAA propose d’aider à « mettre l’humain au centre de la ville » selon la formule du projet I-SITE. Il explorera ainsi les espaces urbains comme des espaces humains dans le prolongement de recherches déjà engagées au sein de l’unité. La reprise permise ici par la rime n’est en rien évidente conceptuellement, tant l’espace urbain se pense trop souvent de façon exclusivement technique et / ou abstraite. Doubler « espace urbain » de l’adjectif « humain », ce n’est donc pas redondant mais au contraire nécessaire : c’est penser l’urbanisme de façon critique, en relation avec les humanités, c’est mettre la théorie à l’épreuve des pratiques déjà existantes ou des appropriations, c’est réfléchir aux structures urbaines contre ou avec le corps individuel ou social. C'est ce que propose chaque sous-groupe de l'équipe LISAA en fonction de ses particularités linguistiques et territoriales et ce qui permet à l’ensemble du laboratoire de construire une vision commune.
La ville, ou plutôt, les villes, sont des espaces habités par des personnes. Les humanités et les arts permettent de mieux les connaître, dans leur singularité et leur dimension sociale, comme des corps et comme des consciences, à travers des discours, des œuvres, des actes qui proposent des représentations. Les fictions permettent aussi de les imaginer, de les fabriquer, d’éviter des avatars monstrueux. Les villes, comme constructions et comme systèmes, représentent par ailleurs les sociétés dont elles sont les lieux essentiels, depuis la cité grecque, la polis lieu fondateur du politique. Elles en conservent également les archives et une part essentielle du patrimoine artistique et livresque.  Elles dialoguent enfin avec leur environnement naturel et sont aux prises avec les défis écologiques. Les projets « Ville et représentation » porté par SEA ou « le corps dans la ville » porté par CCAMAN, « Corps, ville, mémoire » porté par EMHIS ou encore « Écrire la ville » porté par FTD entendent éclairer la place des humains dans les diverses villes passées, présentes et à venir. L’empan transéculaire de l’unité et la pluralité des aires géographiques auxquelles elle se consacre lui permettront d’aborder de nombreux terrains, dans la continuité avec les recherches passées. Les membres d’EMHIS poursuivront ainsi leur exploration croisée des villes hispaniques et des villes sud-américaines. Les villes nord-américaines sont le terrain des poètes étudiés par Olivier Brossard comme des mouvements gays et queers étudiés par Jean-Paul Rocchi et Xavier Lemoine. Les villes européennes comme Paris, mais aussi Belfast, sont les lieux de rencontre de la création et du politique, fondement des savoirs historiques ou sociologiques, au XVIe siècle comme aujourd’hui et mobilisent ainsi la plupart des membres du LISAA. Enfin, de Troie aux Villes invisibles de Calvino, les villes imaginées sont les lieux des origines fantasmées et des anticipations explorées par les fictions. La pratique de l’interdisciplinarité habituelle aux membres du LISAA favorisera leur contribution à la problématisation transdisciplinaire nécessaire au transfert des connaissances depuis les différents domaines disciplinaires vers les solutions innovantes pour la ville de demain. L’étude des langues et des discours permettra ainsi d’interroger les langages des différentes disciplines et l’évolution des discours sur la ville à travers le temps et les espaces. 
Quatre projets sont d’ores et déjà initiés avec des partenaires académiques ou socio-économiques. 
Le projet de maquette urbaine interactive Ville sensible : porté par Olivier Bonin (ingénieur et géographe IFSTTAR – Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l’Aménagement et des Réseaux) ce projet est doté de 15000 € en 2018. Plusieurs chercheurs et chercheuses du LISAA (CCAMAN, FTD, SEA) participent à ce projet qui associe création et recherche. Une maquette d’une partie de Champs-sur-Marne reliée à des capteurs et à des projections numériques a été construite pour servir de support à l’enregistrement de données recueillies dans la ville réelle et à leur représentation créative. La représentation qui allie le visuel et le sonore permet d’étudier ce que produit sur des publics variés (chercheurs et chercheuses, étudiants et étudiantes, habitants et habitantes par exemple) cette interprétation au sens scientifique et au sens musical. Le projet propose ainsi de la connaissance sur la ville et notamment sur les perceptions sensibles en ville (par exemple enregistrements de sons, recueil de perceptions des habitants), il offre un terrain d’exploration technologique de la transmission numérique et permet une réflexion épistémologique sur les modalités de connaissance de l’humain en ville. 
Le projet Le cinéma dans la ville porté par Marc Cerisuelo (PR en études cinématographiques) soutenu par l’équipe d’EC en cinéma et audiovisuel est financé dans le cadre de l’I-Site FUTURE Paris Est, soutenu et porté avec une évaluation annuelle. La première manifestation d’ampleur sera un colloque international de deux jours réunissant les acteurs du programme à Paris à l’automne 2019 autour de la problématique des salles de cinéma (histoire, devenir, liens avec la cinéphilie et la critique, statut, programmation). Dès la rentrée 2018 des missions, journées d’études, comptes rendus critiques d’ouvrages, animations et programmations dans les salles du réseau ACRIF sont en cours. La dimension exploratoire du projet se poursuit même sans labellisation avec les architectes et les urbanistes de l’université-cible.
Le projet Archival City porté par les historiens d’ACP Loïc Vadelorge et Vincent Lemire, ainsi que par la bibliothécaire de l’école des Ponts, Isabelle Gautheron, interroge la place de l’archive dans la ville comme irremplaçable conservation du passé mais aussi miroir du système politique et social qui l’instaure. L’équipe FTD propose de s’intéresser au patrimoine des livres en ville et notamment dans la COMUE Paris-EST qui abrite des fonds de livres anciens à l’ENVA et à l’ENPC (École Nationale des Ponts et Chaussées). Elle s’intéresse également à l’utilisation créative des archives, sources de savoir sur lesquelles se construisent des fictions comme le roman de Michèle Audin, Comme une rivière bleue, consacré à la commune de Paris.
Le projet d’Eco-quartier E3S avec Eiffage : Le LISAA animera l’atelier de communication innovante et inclusive du projet d’éco-quartier E3S, qui concerne la construction d’un nouveau quartier à Chatenay-Malabry, sur l’ancien site de l’école Centrale. Il organisera des activités de médiation et des temps d’échange scientifique avec des écrivains contemporains. À la frontière de la recherche, cette opération de recherche-action, sera l’occasion d’explorer de nouvelles modalités de recherche sur la littérature de l’extrême contemporain. 

Le rapport entre les savoirs et les créations continuera de constituer l’ADN de l’unité. L’étude de la contribution des créations artistiques et littéraires aux savoirs, en particulier aux sciences, et des discours savants ou scientifiques aux créations restera structurant pour le LISAA. 
Les savoirs du vivant en littérature et en sciences seront le centre de programmes de recherche en cours et à venir. Le projet IUF de Gisèle Seginger « Littérature et science : l’écriture des savoirs biologiques au XIXe siècle » est financé jusqu’en 2021. Ce programme a pour centre l’émergence de la nouvelle science constituée par la biologie qui succède à l’Histoire naturelle. Il étudie les interactions entre science et littérature, la manière dont les domaines intersectoriels s’influencent réciproquement. Il est exemplaire d’une démarche chère à l’équipe, qui consiste à interroger les rapports entre création artistique et invention scientifique ou technique, participant ainsi à la reconnaissance des intersections entre science, arts (littérature incluse) et société. Le médium discursif commun à la littérature et aux sciences est un terrain privilégié pour l’étude de ces échanges. Un regard archéologique vers la première modernité apporte des éclairages importants sur l'interdisciplinarité, car cette dernière est le fondement de l’humanisme du XVIe siècle.
Ces programmes s’enrichissent de la collaboration avec les informaticiens qui ne fournissent pas seulement des outils de fouille textuelle ou de visualisation mais invitent à questionner les fonctionnements discursifs, les modalités de visualisation et plus globalement la transformation numérique qui affecte la production des savoirs comme leur diffusion. Le travail mené avec les informaticiens du LIGM (Laboratoire d’informatique Gaspard Monge)  se poursuivra à la fois autour du vivant et autour des programmes sur la visibilité des savoirs des femmes qui engagent toutes les équipes internes. Une même réflexion de fond est menée du côté des arts sur les possibilités de création et de diffusion induites par les évolutions des technologies numériques. La notion d’émergence, centrale pour CCAMAN, cristallise la réflexion sur le rapport entre création et innovation. Elle permet de développer des collaborations fortes à l’extérieur de l’UPEM, avec le monde académique (Labex Arts h2h, UVSQ, Université de Montréal) et avec le monde culturel (CDMC, conservatoires, centre culturel tchèque). Le développement de recherches autour de la réalité virtuelle permettra également de travailler de manière interdisciplinaire.
Ces recherches continueront de nourrir intensément la formation par la recherche en initiant les étudiants et étudiantes aux technologies nouvelles dans une approche réflexive. Il s’agit également de réfléchir aux transformations humaines et sociales induites par les mutations des sciences et des techniques. Les étudiants et étudiantes du master Arts, Lettres et Civilisations comme ceux du master édition continueront d’être impliqués dans la recherche sur les transformations numériques, notamment celles de l’édition multimédia.

Un thème émergent : l’étude de la critique de cinéma. D’une part, il s’agit de poursuivre les travaux du séminaire interuniversitaire sur la critique de cinéma organisé depuis 2016-2017 pour l’UPEM et Paris-Est (pour les doctorants en études cinématographiques) par Marc Cerisuelo avec ses collègues de l’ENS-Ulm (Antoine de Baecque), Paris-Ouest Nanterre (Hervé Joubert-Laurencin) et Cécile Sorin (Paris 8-Saint-Denis). Depuis 2017-2018, les séances mensuelles se tiennent à l’INHA. D’autre part, et en relation directe avec les activités du séminaire, le LISAA est co-organisateur de du colloque international de Paris « Après Bazin » qui commémorera le centenaire de la naissance du critique français les 13, 14 et 15 décembre 2018 (ENS et Cinémathèque Française).

Le rapport entre les arts et les identités est aussi devenu un axe important des recherches du LISAA. La manière dont les créations expriment ou fabriquent les identités individuelles et collectives mobilise des spécialistes d’art, de littérature comme des civilisationnistes, dans les diverses aires géographiques et les diverses époques. 
L’ancrage culturel des identités nationales est au cœur des recherches menées par Marie-Françoise Alamichel avec l’International Lazamon’s Brut Society comme de celles d’Hélène Alfaro-Hamayon menées avec la société des études irlandaises. Ces programmes participent à la forte internationalisation du LISAA. Les identités genrées sont au cœur des projets sur les savoirs des femmes qui réunissent des membres des quatre équipes internes. Ces questions ont également une forte audience internationale, encouragée par l’avancement de ces études dans les sphères anglophones et hispanophones, comme l’ont montré les activités passées (2 colloques à USC Los Angeles, invitation de Claire Delahaye à la Library of Congress). Elles assurent également des partenariats avec le monde socio-culturel, qui seront reconduits (partenariat avec AWARE, partenariat avec les éditions des Femmes-Antoinette Fouque et avec l’association George le deuxième texte). Ces projets seront développés en veillant à pérenniser le travail collectif entre les équipes et à développer davantage les transversalités autour des questions d’espace urbain déjà travaillées dans la sphère hispanophone (EMHIS). L’intersectionnalité des identités restera au cœur du projet « Trans-Est : Genre, Sexualités et Transculturalités » porté par Jean-Paul Rocchi d’abord au niveau de l’école doctorale puis dans le cadre d’appels à projets (IUF, IDA, I-SITE). 
Quels que soient la sphère envisagée et l’angle privilégié, les recherches interrogent la manière dont les formes artistiques « performent » l’identité, pour plagier l’expression de Judith Butler concernant l’identité genrée. Elles problématisent le rapport du corps à la personne et de la personne aux rôles qu’elle joue. La dimension sensible − notamment visuelle − et les pratiques de performance sont donc au cœur de ces recherches. Les programmes menés par Olivier Brossard avec l’IUF, l’association double-change et des partenaires académiques ou culturels français et anglo-saxons permettent d’associer recherche académique et performance artistique au service d’une meilleure connaissance des poètes américains et américaines. Les questions d’auctorialité sont également essentielles, envisagées autour de la construction des ethos auctoriaux comme de leur perception. La question de la réception des œuvres de femmes continuera de nourrir la collaboration initiée dans Visiautrices avec le LIGM (Laboratoire d’Informatique Gaspard Monge). Les questions d’édition, de choix de média et d’institutions de médiation avec le public seront également travaillées. Enfin la circulation et la transmission des savoirs et des mémoires dans leur rapport avec l’écriture de l’histoire feront l’objet de nouveaux travaux dans la lignée de ceux qui ont déjà nourri les publications du LISAA.