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Équipe CCAMAN (Confluences, Cinématographiques, Audiovisuelles, Musicales et Arts Numériques)

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Axes de recherche

Les dialogues critiques entre savoirs, méthodes et pratiques artistiques font émerger des points de congruence épistémologiques, cependant que les diverses mutations artistiques requièrent des questionnements scientifiques, technologiques, politiques et esthétiques. Nos approches différentes interrogent ces mutations et leurs contextes. De leurs confrontations émergeront de nouvelles pratiques de recherche et de création. Articulés autour du tronc commun, nos objets d’études se déclinent en deux axes : 1) Systèmes des œuvres (théories, sciences, technologies et arts) ; 2) Créativité et innovation (pratiques et créations).

L’œuvre peut être saisie comme le lieu d’une tension féconde entre les versants de sa création, de sa réception et de son archivage. 
L’analyse des œuvres est à même de révéler la porosité entre ces pôles dès qu’elle prend en compte les relations et connexions entre les arts, le corps et la ville, l’état des techniques ou l’évolution des dispositifs et médias.
Nous interrogeons l’histoire et les théories des arts en tant que stimulations renouvelées pour les pratiques artistiques, dans une démarche de recherche-création, autant que dans une réflexion théorique, historique ou esthétique. Il y a aussi lieu de sonder la réception elle-même en tant que création nouvelle car les dimensions perceptibles des oeuvres en permettent de multiples traductions.
A leur tour, les archives sont devenues une matière dynamique, avec les questions de conservation, d’exploitation et de remédiation qui lui sont corolaires, qui peut impulser de nouvelles créations et réceptions.  En un mot, les oeuvres d’arts se conçoivent dans une véritable écologie qu’il importe désormais, à l’heure des humanités numériques, d’étudier avec des méthodologies adéquates (intermédialité, pensée systémique ou cognitiviste, épistémologie, …) .
Un schéma triangulaire pourrait illustrer ces perspectives, en imaginant des flèches doubles entre chaque pôle :

 

La question de l’innovation se pose de manière particulière dans le champ artistique, tant dans la construction synthétique que dans la déconstruction analytique de l’œuvre d’art. Elle participe à des questionnements actuels entre la recherche et la création et converge vers les sciences et technique. Trouvailles, imprévus, sérendipité y jouent un rôle décisif et favorisent à leur tour l’émergence de concepts, de créations et de savoirs nouveaux.Dans la continuité des précédents travaux théoriques et créatifs du CCAMAN (cinéma et audiovisuel, musique, arts numériques), cet axe étudie et expérimente les liens unissant les arts aux technologies et aux savoirs contemporains, dont ceux des sciences expérimentales, biologiques, urbanistiques et écologiques.  Il inclut l'élaboration de dispositifs artistiques sensibles à la corporéité ou de visualisations et de sonifications de données multimédia, à la réalisation audio-visuelle, aux formes hybrides de conférence-performance et à l'émergence d’autres modes de création et de recherche.

Sous la direction de C. Halimi, F. Di Bartolo, F. Delmas et M. Laliberté.  

Concernant l’approche des arts visuels, force est de constater que la problématique de la ville n’y est ni nouvelle, ni marginale, mais qu’elle a plutôt constitué une constante, notamment dans les arts impliqués dans la modernité, depuis le XIXe siècle. À ce titre, l’invention de la ville de demain est un projet qui a déjà une histoire qu’il serait intéressant de mettre en perspective avec les enjeux de l’actuel I-SITE FUTURE. La ville de demain sera par conséquent abordée à la croisée de diverses temporalités : passé, présent, avenir. L’enjeu plus spécifique du corps et de l’humain dans la ville trouve un écho dans les arts visuels de la modernité et se cristallise dans une formule radicale avec les propositions artistiques et esthétiques des avant-gardes du début du XXe siècle. Même chez les futuristes italiens qui tentent de concrétiser en permanence le projet de la ville de demain et, de manière générale, celui de la projection dans le futur, le corps est un enjeu central. C’est à partir du corps que l’on imagine cet « homme multiplié » prôné par Marinetti. Les avant-gardes du début du siècle ne cesseront de revisiter ce projet sur le mode du rejet, de la fascination ou encore de la dérision. Avec l’émergence de la société de consommation, et à la suite des guerres dévastatrices de la première moitié du XXe siècle, les arts visuels du XXe siècle s’engagent sur un terrain plus critique où l’organicité occupe une place centrale. Organicité picturale (action painting ou matiérisme), mais aussi organicité physiquement exposée et explorée (happenings, performances, art corporel). Non sans un certain paradoxe, c’est au cœur de la ville, dans ses espaces saturés ou encore abandonnés que naissent les premiers happenings aux États-Unis. L’organicité est dans ce contexte un enjeu central, exploité pour mettre en cause le système marchand de l’art, mais aussi et surtout pour reformuler un lien avec une nature dont l’humain paraît s’être définitivement éloigné. La ville devient justement un lieu qu’il convient de perturber, de brouiller, de relier, en y faisant naître des îlots de nature urbaine à l’exemple des happenings The Street, ou Snapshots From The City (1960) d’Oldenburg. Ainsi bien souvent, c’est dans la ville que prend place l’insurrection radicale que constitue le happening. Le premier happening français, celui de Jean-Jacques Lebel, L’Enterrement de la Chose (1960) se déroule dans la cité lacustre de Venise, en réaction à un crime perpétré dans la grande métropole de Los Angeles. En 1968, la révolte étudiante et urbaine constituera pour Lebel une forme d’accomplissement sociétal du happening. Plus tard, en 1977, l’artiste française Orlan propose une revanche amoureuse à la violence urbaine, en délivrant pour cinq francs, un french kiss aux passants et aux visiteurs de la Foire Internationale d’Art Contemporain (FIAC), à Paris. À Vienne, en critique virulente à l’idéologie nazie encore sous-jacente dans l’Autriche de l’époque, les Actionnistes viennois se voient interdire leurs actions pour outrage à la morale et à l’ordre public. Günter Brus, dans sa Promenade viennoise (1965), arpente les rues de Vienne pour se rendre à la galerie où il expose, en sculpture vivante, recouvert de peinture blanche, mais scindé de la tête aux pieds par une ligne noire qui lui découpe le corps, telle une cicatrice géante. La police mettra un terme à la promenade en question. Chris Burden enfin, aux États-Unis, se crucifie sur le capot arrière d’une automobile stationnée dans un garage, en portant le bruit du moteur à son volume le plus élevé (Trans-Fixed, 1974). Nam June Paik en 1982, réalise ce qu’il désigne comme le premier accident du XXIe siècle en organisant lui-même le suicide du robot qu’il avait fabriqué, le robot K 456, qui parlait comme le président Kennedy, et qui, pour l’occasion, est conduit au centre de la circulation automobile, dans un carrefour urbain. Dans la performance, les exemples sont légion où l’artiste fait de la ville un lieu auquel le corps va se confronter, dans lequel il va se fondre et se confondre ou encore se réaliser et se dépasser. Un projet articulé autour de la performance et la ville, avec le corps comme enjeu central, trouve par conséquent ici toute sa pertinence. De l’homme-multiplié du début du XXe siècle, les propositions aboutissent au XXIe siècle, à l’utopie du post-humain. L’artiste Stelarc l’a mise à l’épreuve en prenant pour objet, support, sa propre organicité, depuis ses premières actions, comme Street Suspension (1984), au-dessus des rues de New-York, jusqu’à sa troisième main dans les années 80. Aujourd’hui, les arts numériques invitent à un questionnement autour de la ville sensible ou la ville intelligente, en travaillant concrètement à la réalisation d’un corps interfacé, repensant l’interaction du corps et de la ville. C’est par conséquent depuis ces questions liées au corps, à son organicité et parfois à sa mécanicité, que nous aborderons la thématique du corps et de la ville. Par l’action, le corps est un moyen de revendiquer une critique de la représentation. Le corps, la chair, deviennent les véritables lieux d’interaction, se substituant à l’image qui en formule les représentations. Les performances de VALIE EXPORT, TAP and TOUCH cinema (1968) ou Action Pants : Genital Panic (1969), entreprennent de proposer, dans l’espace de la ville même, des expériences concrètes des images cinématographiques, auxquelles l’artiste substitue son propre corps. 

Contacts

Nedjima Hassaoui

Responsable administrativenedjima.hassaoui@univ-eiffel.fr01 60 95 71 15