Séminaire de recherche sur la forme-diptyque au cinéma 2025-2026
EXPÉRIENCES EN DEUX VOLETS
Hervé JOUBERT-LAURENCIN
« Bévue, biscuit, balbutiement. Pasolini coupé en deux »
Toute l’œuvre de Pasolini répond à la division en deux. Chez lui l’amphibologie s’oppose au trilogique, le précède et le recouvre. Une fois précisé cela, on constatera que son cinéma ne peut pas échapper à ce rasoir d’Ockham que peut-être implique toute œuvre en diptyque. Les deux films à suivre, les plus proprement dédoublés : La ricotta (Rogopag, 1963) et Porcile (Porcherie, 1969).
Hervé Joubert-Laurencin est professeur d’esthétique et l’histoire du cinéma à l’université Paris Nanterre où il a codirigé le laboratoire HAR-Histoire des Arts et des Représentations de 2014 à 2023. Il est membre Senior de l’Institut Universitaire de France. Familier de longue date de l’œuvre de Pier Paolo Pasolini, dont il est traducteur en français, il a aussi écrit sur le cinéma d’animation et édité les Écrits complets d’André Bazin aux éditions Macula (2018).Il réalise désormais des films avec Marianne Dautrey (Bazin roman, 70 min., 2019 ; Fontaine. Trente-trois minutes à la documenta fifteen, 35 min., 2023) ; en préparation, un long métrage documentaire tourné à Rome : Lettre à Glauber Rocha. Derniers ouvrages sur Pasolini : Théorème, livret de médiabook-dvd, Sidonis-Callista, 2024 ; Le Grand Chant. Pasolini poète et cinéaste, Paris, Macula, 2022. Sur le cinéma d’animation : Quatre films de Hayao Miyazaki, Paris, 2012 ; La lettre volante. Quatre essais sur le cinéma d’animation, Paris, 1997. Sur André Bazin : Écrits completsd’André Bazin (éd.), Paris, 2018 ; Opening Bazin (dir.), Oxford, 2011 ; Ouvrir Bazin (dir.), Montreuil, 2014 ; Le sommeil paradoxal. Écrits sur André Bazin, Montreuil, 2014.
Éric THOUVENEL
Incessante Aube de nous-même :
Altiplano (Malena Szlam, 2018) et earthearthearth (Daïchi Saïto, 2021)
Tournés l'un et l'autre simultanément au mitan des années 2010 sur les hauts plateaux de la cordillère des Andes, Altiplano (2018) de Malena Szlam et earthearthearth (2021) de Daïchi Saïto ne font pas seulement partie des œuvres majeures du documentaire expérimental récent : ils forment en outre un diptyque qui établit, par regards croisés, ce que peut être la contribution des formes filmiques à une expérience du paysage à l'ère de l'Anthropocène.À partir de la confrontation de ces deux œuvres, envisagées du point de vue de leur contexte de réalisation comme de l'analyse des formes qu'elles inventent, on tâchera un peu plus largement de soulever les enjeux de l'intérêt contemporain de nombreux.ses cinéastes pour l'élaboration de formes descriptives du paysage. On partira également des nombreux points de convergence existant entre des ceux films – même lieu et même période de tournage, mais aussi, convergence d'approche dans le traitement du matériau filmé –, pour interroger plus précisément l'hypothèse qu'ils forment diptyque, et la manière dont celle-ci résonne ou résiste à la singularité́ des pratiques des deux cinéastes qui les ont tournées.
Éric Thouvenel est professeur en études cinématographiques à l'université́ Paris Nanterre, et programmateur. Il travaille de longue date sur le cinéma expérimental, sur des questions d'esthétique et de théorie du cinéma et de la télévision, sur l'épistémologie des techniques, et plus récemment, sur les formes contemporaines du western. Il a notamment publié ou codirigé Gaston Bachelard et le problème cinéma (Mimesis, 2020), Jean Epstein : actualité́ et postérités (PUR, 2016, avec Roxane Hamery), Fabriques du cinéma expérimental (Paris Expérimental, 2014, avec Carole Contant), Les images de l'eau dans le cinéma français des années 20 (PUR, 2010). Il termine actuellement la rédaction d'un ouvrage consacré aux relations du cinéma expérimental à la pensée technique et aux pratiques artisanales.