Première séance du Séminaire de recherche sur la forme-diptyque au cinéma 2025-2026
Cette première (double) séance sur les "remakes et reconfigurations" aura lieu le 13 octobre 2025, de 16h30 à 19h30, dans la salle Claude Simon de la Maison de la recherche de la Sorbonne Nouvelle, 4 rue des Irlandais, 75005 Paris.
Nous aurons le plaisir d'accueillir deux invités : Marie Martin qui interviendra sur les auto-remakes transmédiatiques (cinéma, photographie, littérature) et Pierre Berthomieu sur la question du diptyque dans la fabrique hollywoodienne.
Les prochaines (doubles) séances auront lieu les 17 novembre, 15 décembre, 2 février, 16 mars et 13 avril.
REMAKES ET RECONFIGURATIONS
Pierre BERTHOMIEU
« Le matériau inépuisé : la question du diptyque dans la fabrique hollywoodienne »
Dogme classique, méthode de fabrication et stratégie économique, le remake est un pilier de la production hollywoodienne. Dans sa manière de brasser le matériau, il croise une forme « diptyque » qu’il s’agirait d’interroger dans sa parenté et sa spécificité. Le remake réagence les paramètres d’un sujet, d’une formule de film quand le diptyque rassemble des aspects, matériaux, fragments non traités ou écartés du « premier essai » d’un canevas ou d’un geste artistique comparables (scénario, éléments visuels, musicaux ou actoraux…). En guise d’étude de cas, l’examen des relations entre What Price Hollywood (1932) et A Star is Born (1937), deux projets du producteur David O. Selznick, sera une occasion de voir en action le travail du diptyque.
Pierre Berthomieu est maître de conférences HDR à l’université Paris Cité. Il est notamment l’auteur d’une histoire des formes du cinéma hollywoodien en trois volumes (2009-2013) – Le Temps des géants, Le Temps des voyants, Le Temps des mutants – et d’une étude génétique sur Duel au soleil (2018). Son prochain ouvrage – Le Temps des romans (2026) – porte sur l’inspiration et la coexistence des gestes artistiques (littéraire, visuel, musical, actoral) dans la production de David O. Selznick.
Marie MARTIN
« D’un médium l’autre : auto-remakes transmédiatiques et regard stéréoscopique »
Soit un échantillon de diptyques où un artiste investit un nouvel art pour réécrire une œuvre première : par exemple, entre cinéma et littérature, Tiens ferme ta couronne et La Reine de Némi (2017) de Yannick Haenel ; entre cinéma et photographie, Dans la ville de Sylvia et Quelques photos dans la ville de Sylvia (2007) de Jose-Luis Guerin ; du côté du théâtre et du cinéma, le double diptyque formé par Platonov et Hôtel de France de Patrice Chéreau. Il s’agira d’élucider les enjeux génétiques et analytiques d’auto-remakes transmédiatiques où travaille la figurabilité, aussi bien du côté de l’esthétique que de la culture visuelle voire de la théorie des médias, dans une double perspective envisageant à la fois la création et la réception, appelée à entrer dans le jeu des différences et ressemblances créé entre les narrations, les images, les dispositifs…
Le regard activé par la forme-diptyque réfléchit ici autant le récit que le médium qui lui donne forme, dans une enquête sur un secret originel qui tient dans une double considération les relations affectives et l’archéologie technique. Au point de risquer l’hypothèse : cette diplopie doit être réinscrite dans la série culturelle du stéréoscope qui en éclaire métaphoriquement le fonctionnement.
Marie Martin est maîtresse de conférences à l’université de Poitiers. Ses recherches en esthétique concernent notamment les processus psychiques et appareils techniques au cinéma. Elle a codirigé les publications de Rêve et cinéma. Mouvances théoriques autour d'un champ créatif (2012, avec Laurence Schifano) et Qu’est-ce qu’un geste politique au cinéma ? (2019, avec Véronique Campan et Sylvie Rollet), supervisé en 2015 le numéro de la revue CiNéMAS intitulé Le Remake. Généalogies secrètes dans l’histoire du cinéma et publié en 2024, chez De l’incidence, L’Ecriture et la projection.