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La Couronne d’Aragon: un «empire» dans l’«empire »? Expériences politiques et jeux des temps

13 mars 2020

Atelier international, Nice, CAMPUS CARLONE - Salle du Conseil

Organisation: Héloïse Hermant (UCA et IUF, CMMC) et Mathias Ledroit (Université Gustave Eiffel, LISAA)

Programme en fromat PDF

Cet atelier international en deux volets (13 mars 2020 à Nice et 2021 à l'UGE) réunira des chercheurs français, espagnols et italiens autour de la question de la Couronne d'Aragon entre le Moyen Âge et l'époque moderne. La notion de « Couronne d’Aragon » est récurrente de l’historiographie pour désigner les territoires orientaux de la péninsule Ibérique (Aragon, Valence, Catalogne) et les possessions italiennes (principalement Naples et la Sicile). Bien que commode, son contenu exact reste délicat à saisir. En témoigne un certain flottement terminologique: confédération, agrégat composite et, plus récemment, Empire. Au-delà de leurs spécificités aux implicites forts et parfois divergents, ces notions désignent une réalité géographique, historique et juridique dont la marque distinctive tient principalement en deux aspects : une homologie autour de ce qu’on a nommé le « foralisme » ou le « pactisme » encadrant et limitant le pouvoir royal, du moins pour la partie orientale de la péninsule Ibérique ; se détachant d’un ensemble d’expériences communes, une certaine expérience de la souveraineté née de la distance et de la disjonction de territoires ouverts sur l’espace méditerranéen, et concrétisée à travers des institutions amenées à faire date : vice-rois, audiences et un conseil territorial, le Conseil d’Aragon, pour citer les principales et les plus directement connectées à la thématique impériale qui revient en force depuis une dizaine d’années.

Appréhender ce que serait la réalité du pouvoir dans la Couronne d'Aragon n'est pas chose aisée. Un des obstacles à trouver un cadre interprétatif et à aller contre une sorte d'émiettement monographique tient peut-être en partie à la prévalence du paradigme de l'État-nation de façon. Tantôt appliqué à chacun des royaumes, tantôt à l'ensemble des territoires incarnés par le roi et dissolvant la réalité aragonaise dans une superstructure hispanique, un tel paradigme a longtemps marqué se son sceau l'historiographie faisant sempiternellement rejouer le face-à-face en général conflictuel entre le roi et ses royaumes.

Aujourd’hui la notion d’Empire rebat partiellement les cartes. En reprenant l’idée d’hétérogénéité, de discontinuité territoriale, de gouvernement à distance, elle incite à écrire une histoire plus intégrée des territoires en partant de leurs singularités mêmes et en mettant en lumière le pragmatisme et la dimension pratique, circulatoire et adaptative que suppose l’administration de tels espaces. Toutefois, dès lors qu’on se focalise sur les mécanismes d’expansion territoriale et qu’on cherche à raisonner en termes de puissance, c’est-à-dire de « politique impériale » et à chercher les linéaments d’une certaine capacité d’intégration au service d’une projection à large rayon ou d’une intentionnalité à perdurer comme un tout, ne risque-t-on pas de perdre l’empirie méthodologique au profit d’un impérialisme postulé ? Comment mesurer la consistance et les effets éventuels d’une idéologie impériale à l’époque médiévale ? Et à l’époque moderne, dans quelle mesure la notion d’Empire appliquée cette fois à la monarchie catholique dans son ensemble ne réduit-elle pas d’emblée l’histoire de la Couronne d’Aragon à celle d’une dissolution, d’une segmentation et d’une décadence, masquant de ce fait les dynamiques anciennes ou nouvelles et en tout cas mouvantes qui innervent ces royaumes au sein de l’espace catalano-aragonais et méditerranéen et au-delà.

Notre démarche vise à opérer un double déplacement. Tout d’abord un déplacement temporel, en faisant le choix de la transpériodicité, du Moyen Âge à l’époque moderne, considérant que la supposée rupture du XVe siècle relève plutôt du découpage académique que d'une dynamique politique. Nous poseront ainsi la question du legs d’une histoire commune et des reconfigurations sans verser dans un récit téléologique. Nous préférons en effet appréhender la question sous l'angle du changement, de l'évolution ou encore de la reconfiguration du pouvoir en étant particulièrement attentifs aux moments où les cartes sont redéployées et où l'exercice du pouvoir doit s'adapter à de nouvelles échelles ou à de nouvelles réalités politiques, économiques, sociales ou culturelles, entre autres. Pour le dire autrement, nous souhaitons pouvoir engager une réflexion sur les facteurs d'intégration des territoires péninsulaires et méditerranéens de la Couronne d'Aragon dans la longue durée. Un déplacement spatial ensuite afin de ne pas cloisonner les analyses en posant pour cadre a priori chacun des royaumes de cet ensemble et encourir l’écueil d’une approche solipsiste ou d’une juxtaposition d’études consacrées aux rapports du roi avec chacun de ses royaumes. En bref, nous souhaiterions inviter à une étude des transversalités et des compénétrations (ou des interactions) de pouvoirs, adossée à un jeu d’échelles et à un jeu des temps.

 

 

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