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Appel à publication pour le n°20 de ReS Futurae

Dossier : Théorie(s) de la science-fiction

Dossier dirigé par Irène Langlet (univ. Gustave Eiffel)

RESF 20 THÉORIE(S) DE LA SCIENCE-FICTION (CFP)

12/05/2021  LAISSER UN COMMENTAIRE

Appel à publication pour le n°20 de ReS Futurae

Dossier : Théorie(s) de la science-fiction

Dossier dirigé par Irène Langlet (univ. Gustave Eiffel)

Contact : irene.langlet@u-pem.fr

Échéances

Les propositions de contribution (env. 250 mots), accompagnées d’une brève bio-bibliographie, doivent parvenir à la responsable le 10 septembre 2021 au plus tard. Une première version des articles devra être rendue le 1er mars 2022, pour une parution au deuxième semestre 2022.

Les auteurs sont invités à consulter les consignes aux auteurs

Appel à contributions

La revue ReS Futurae fêtera bientôt ses dix années d’existence. En 2012, son premier numéro fut lancé autour d’un dossier intitulé « Ce que signifie étudier la science-fiction aujourd’hui ». Le vingtième numéro (2e semestre 2022) donnera l’occasion de faire le point sur différentes notions critiques et théoriques telles qu’elles ont été abordées, évoquées ou discutées, en tout cas toujours utilisées pendant ces dix ans. Le panorama des études sur la SF était nécessaire lors du lancement d’une revue qui voulait s’y consacrer ; en 2022, il ne s’agira plus tant de réitérer cette cartographie académique des études sur la SF que de prendre de front, en tant que tel, le corpus théorique et critique dont nous voulons promouvoir l’installation durable dans ce paysage académique. Pour cet anniversaire, nous invitons les chercheurs et chercheuses prenant la science-fiction pour objet d’étude à discuter quelques questions fondamentales, en suivant les grandes avenues suivantes :

A. Comment penser la science-fiction ?

Disposons-nous actuellement d’un cadre conceptuel stable et reconnu pour analyser la science-fiction ? Quelles en sont les notions principales et comment s’articulent-elles entre elles – aisément, avec plus de difficulté, ou au contraire dans une forme d’ignorance réciproque ? Dans quelle mesure fondent-elles encore des recherches actives, ou bien sont-elles activement discutées ? Y a-t-il encore un besoin, et un bénéfice, à s’interroger sur une définition de la science-fiction, sur la fonction qu’y prend la science, ou encore sur des questions de généricité ? Par qui, avec quelles méthodes et quels enjeux d’interprétation et de construction de l’objet ? L’écart semble grand entre le « paradigme absent » proposé par Angenot il y a plus de quarante ans, dans le cadre d’une analyse de sémantique structurale, et le « sublime technologique » scruté par Csicsery-Ronay dans le cadre d’une histoire culturelle ; entre le spectacle merveilleux de la science nourri par la mystique scientiste de Jules Verne et le « sense of wonder » alimentant la première industrie culturelle de Gernsback ; entre les « prototopies » d’un Rumpala, inspirées des « lignes de fuite » deleuziennes, et le « design fiction », inspiré des modèles rhétoriques appliqués au storytelling d’entreprise – pour ne prendre que quelques exemples. Toutes ces notions se côtoient, souvent dans la confusion, parfois dans le débat structuré : il s’agirait d’en prendre la mesure, de dégager celles qui font consensus, et de prendre ainsi date dans l’objectivation, souvent difficile mais toujours nécessaire, d’une pratique symbolique dominante de notre temps.

B. Comment analyser et interpréter la science-fiction ?

De quels outils d’analyse fiables et productifs dispose-t-on pour étudier, isolément ou pris ensemble, les propriétés textuelles et médiatiques de la science-fiction, les caractères de la culture qu’elle a fait s’épanouir, et son rôle social, politique et idéologique ? Une interprétation thématique du concept de novum (Suvin, 1979) a longtemps prévalu, correspondant à des approches de la science-fiction en termes de sujets abordés. L’Empire du pseudo de Richard Saint-Gelais (1999) a engagé un tournant critique décisif pour la recherche en langue française, en clarifiant un appareillage d’analyse où sont articulées étude des étrangetés en termes de logique de la fiction (notion de novum), attention portée au processus de lecture en termes d’activité cognitive et de cohérence épistémologique (notion de xéno-encyclopédie) et étude de procédés textuels méta-discursifs, où l’on peut mesurer la dimension réflexive des produits et pratiques du genre (notion d’artefact fictionnel). Les travaux d’Irène Langlet (2006, 2020) ont discuté cet appareillage notionnel en l’appliquant à des corpus romanesques, filmiques et graphiques français ou internationaux. Bréan a détaillé le type d’intertextualité spécifique à des corpus nationaux (en l’occurrence, français), en proposant de compléter la notion de megatext (Broderick) par celle de macrotexte science-fictionnel (2012). Huz (2018) a souligné que l’extension intermédiatique exige une redéfinition de la notion même de novum. À divers titres, ces chercheur·euses ont mis leurs pas dans ceux de leurs aîné·es nord-américains et les ont discuté·es, notamment (mais sans exclusive) Spiegel (discussion du novum suvinien et de la distanciation), Milner (notion de champ bourdieusien appliqué aux genres de l’imaginaires et du fantastique), Luckhurst (approches culturalistes de l’établissement du genre), Hills (étude des assignations de genre au sein des publics de la SF). Quels sont la portée et le sens actuels de ces outils d’analyse ? Comment s’articulent-ils aux travaux engagés dans le domaine de la théorie des mondes possibles littéraires (Ryan, Lavocat), aux approches développées pour rendre compte d’un worldbuilding conçu à la fois comme un processus dans et hors du texte (Besson, Broderick) ? Comment faut-il transformer les outils construits pour rendre compte de la littérature si on veut les appliquer à d’autres supports médiatiques (e. g. : construction d’un novum visuel, auditif, sensoriel, voire actionnable dans les jeux vidéo) ? De façon plus large, comment les études francophones sur la science-fiction croisent-elles leurs perspectives et leurs hypothèses avec celles des chercheurs étrangers, en particulier ceux de notre revue partenaire, Science Fiction Studies, dont les corpus ne comportent que rarement des productions en français ?

C. Dans quel but étudier la science-fiction ?

À quoi sert-il d’étudier la science-fiction ? Comme tout phénomène culturel, le genre mérite évidemment de faire l’objet d’une analyse et d’une théorie critique au sein des études culturelles, littéraires, médiatiques ; mais au-delà de ces champ disciplinaires, l’impact social, idéologique et politique du genre demande des points d’entrée critiques pertinents, peut-être des modes d’approche novateurs. On peut penser à la question des usages politiques de la science-fiction (Rumpala, Langlet, Besson) ; à l’émergence de la « climate fiction », dont les rapports à la science-fiction restent à interroger (Langlet) ; à l’ambition souvent réitérée de se fonder sur la science-fiction pour favoriser des rapprochements interdisciplinaires (didactique, philosophie, histoire, sociologie sciences physiques…) ; à la manière dont les images de la science-fiction semblent se diffuser, gagner en respectabilité et en valeur (pop ?)-culturelle (qu’on pense par exemple au prix Goncourt décerné à L’Anomalieen 2020). Il semble permis de s’interroger sur la place, conceptuelle et symbolique, qu’il est encore possible de faire à l’étude des rapports entre sciences et science-fiction. Une réflexion de fond reste à entreprendre concernant les usages de la science-fiction à des fins de vulgarisation scientifique, que ce soit pour sensibiliser le public à des enjeux de sciences physiques ou d’exobiologie (Lehoucq et Steyer), ou pour rendre perceptible des enjeux philosophiques (Philosopher avec Matrix…). La place des SF studies dans le domaine universitaire n’en sort pas indemne, et une série de questions peuvent y être articulées : rapports entre études universitaires et domaine des fans (que ce soit l’érudition souvent profonde des amateurs, ou l’étude des mécanismes sociologiques à l’œuvre dans cet espace collaboratif) ; nouvelles approches redessinant les corpus et les fondamentaux du genre au gré de l’évolution des sciences humaines et sociales aussi bien que de l’évolution de la création romanesque (études féministes, transgenres, dé- ou postcoloniales, humanités numériques).

D. Quels sont les textes fondateurs, les notions-clés, les ouvrages de référence pour l’étude de la science-fiction ?

Sont vivement encouragées des contributions d’édition critique de textes classiques, ou de compte rendu critique d’ouvrages de référence, selon l’exemple du dossier Renard (2018) ou du scénario de Boulle (2015). Le format de compte rendu multiple, imité des review-essays de notre partenaire Science Fiction Studies, peut accueillir une revue de littérature secondaire partielle ou plus complète, aussi bien qu’une discussion informée, comme on l’a fait sur des publications récentes (ReSF n°14, 2019).

Références

Angenot Marc, « Le paradigme absent : éléments d’une sémiotique de la science-fiction », Poétique, n° 33, février 1978, p. 74-79.

Besson Anne, Constellations. Des mondes fictionnels dans l’imaginaire contemporain, Paris : CNRS Éditions, 2015.

Besson Anne, Les Pouvoirs de l’enchantement. Usages politiques de la fantasy et de la science-fiction, Paris : Vendémiaire, 2021.

Bréan Simon, La Science-fiction en France. Théorie et histoire d’une littérature, Paris : Presses universitaires de Paris-Sorbonne, coll. « Lettres françaises », 2012.

Broderick Damien, Reading by Starlight. Postmodern Science Fiction, London/New York : Routledge, coll. « Popular Fictions Series », 1995.

Csicsery-Ronay Istvan, Jr., The Seven Beauties of Science Fiction, Middletown: Wesleyan University Press, 2008.

Huz Aurélie, L’Intermédialité dans la science-fiction française de La Planète sauvage à Kaena, thèse de doctorat en littérature française, sous la direction d’Irène Langlet, université de Limoges, 2018. Consultable sur Theses.fr [en ligne], URL : http://theses.fr/2018LIMO0078

Jameson Fredric, Archéologies du futur, vol. 1 : Le désir nommé utopie, vol. 2 : Penser avec la science-fiction, traduit de l’anglais (États-Unis) par Nicolas Vieillescazes et Fabien Ollier, Paris : M. Milo, coll. « L’Inconnu », 2007 et 2008.

Langlet Irène, La Science-fiction. Lecture et poétique d’un genre littéraire, Paris : Armand Colin, coll. « U. Lettres », 2006.

Langlet Irène, « Cli-fi & Sci-fi. Littératures de genre et crise climatique », La Vie des idées , 7 juillet 2020. URL : https://laviedesidees.fr/Cli-fi-Sci-fi.html

Langlet Irène, Le Temps rapaillé. Science-fiction et présentisme, Limoges : Pulim, coll. « Médiatextes », 2021.

Lavocat Françoise dir.), La Théorie littéraire des mondes possibles, Paris : CNRS Éditions, 2010.

Lehoucq Roland et Steyer Jean-Sébastien, La Science fait son cinéma, Saint-Mammès : Le Bélial, 2018.

Milner Andrew, Again, Dangerous Visions: Essays in Cultural Materialism, ed. J.R. Burgmann, Leiden/Boston : E. J. Brill, coll. « Historical Materialism Book Series », 2018.

Parrinder Patrick (dir.), Learning from Other Worlds. Estrangement, Cognition and the Politics of Science Fiction and Utopia, Liverpool : Liverpool University Press, 2000.

Rumpala Yannick, Hors des décombres du monde. Écologie, science-fiction et éthique du futur, Ceyzérieu : Champ Vallon, 2018.

Saint-Gelais Richard, L’Empire du pseudo. Modernités de la science-fiction, Québec : Nota bene, coll. « Littérature(s) », 1999.

Spiegel Simon, « Things Made Strange: On the Concept of “Estrangement” in Science Fiction Theory”, Science Fiction Studies, vol. 35, n° 3, novembre 2008, p. 369-385.

Suvin Darko, Metamorphoses of Science FictionOn the Poetics and History of a Literary Genre, New Haven/Londres: Yale University Press, 1979.

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