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Appel à contribution pour le n° 21 de ReS Futrae

Dossier: Les fiction climatiques

Dossier dirigé par Nadège Pérelle

 

Échéances

Les propositions de contribution (env. 250 mots), accompagnées d’une brève bio-bibliographie, doivent être remises le 15 octobre 2021 au plus tard. Une première version des articles devra être rendue le 15 mai 2022, les conseils du comité scientifique seront donnés au plus tard fin novembre 2021 pour une parution au deuxième semestre 2023.

Les auteurs et autrices sont invité.es à consulter les consignes aux auteurs.

Argument

Cet appel à communication s’inscrit dans la continuité du colloque international du programme PARVIS de l’I-SITE FUTURE (https://parvis.hypotheses.org/a-propos) « La ville dans les fictions climatiques » qui s’est tenu en mai 2021. Il était consacré aux imaginaires urbains futuristes (https://parvis.hypotheses.org/2102).

Ce numéro de la revue ReS Futurae propose d’étudier les fictions climatiques, genre plurimédiatique émergent, récemment abordé par les études science-fictionnelles notamment dans l’ouvrage Science Fiction and Climate Change: A Sociological Approach de Andrew Milner et J.R. Burgmann (2020) ainsi que dans le n° 136 de Science Fiction Studies (novembre 2018)

Fictions climatiques : ce nom de genre, d’abord apparu en anglais (climate fiction, abrégée cli-fi calqué sur sci-fi inventé par le journaliste Dan Blom en 2007) désigne un vaste ensemble d’histoires impliquant une prise en compte, directe ou indirecte, du « nouveau régime climatique » (Latour, 2015). Naguère simple décor, le climat est désormais un levier narratif, ou le thème principal de ces fictions. Cela peut aller de la fiction post-apocalyptique au roman-catastrophe, du thriller scientifique à la hard science-fiction pure et dure ; mais on y trouve aussi des polars, des romans noirs, des romans sentimentaux, des teen-novels, et de la littérature blanche, ou « générale » (Langlet, 2020). La recherche actuelle discute des origines du phénomène, ou tout du moins tente d’identifier des œuvres à recatégoriser en fictions climatiques. Nous relevons des points de convergence autour de trois romans qui fictionnaliseraient le changement climatique anthropique : The Lathe of Heaven d’Ursula Le Guin (1971) ; Heat de Arthur Herzog (1977) et The Sea and Summer (1987) de George Turner (Goodbody et Adeline Johns-Putra, 2019 ; Andersen, 2020 ; Milner et Burgmann, 2020).

Certaines études s’attachent à relire des œuvres bien antérieures – en particulier aux rapports scientifiques majeurs sur le changement climatique (The Limits to Growth autrement nommé « Rapport Meadows » (1970) ou le premier rapport d’évaluation du GIEC (1990) – comme des œuvres constituant les archives des imaginaires de la cli-fi contemporaine. Il s’agirait d’une proto-cli-fi, celle-ci prenant racine dans The Grapes of Wrath de John Steinbeck (1939) (Perrin, 2020) pour la recherche en cli-fi anglophone et chez Jules Verne pour la cli-fi française. Les années quatre-vingt-dix verraient le genre se consolider pour croître de manière exponentielle durant les deux premières décennies du vingt-et-unième siècle. 

Il s’agira ici d’explorer différents aspects de cet objet protéiforme jusqu’ici peu étudié par la recherche française et notamment ses liens avec la science-fiction.

  • La climate fiction comme genre littéraire : le syntagme climate fiction existe en concurrence avec de nombreux substituts taxinomiques, « science fiction climatique », « fictions de l’Anthropocène », « fictions du changement climatique », « écofictions », dont il serait utile de clarifier le régime de généricité.  Nous nous emploierons à préciser si la climate fiction forme un vaste et puissant sur-genre de la « fiction de la crise », un genre autonome, un sous-genre de la science-fiction, un méta-genre ou autre hypothèse encore une catégorie transgénérique. En quoi tenter de trancher entre ces options éclaire-t-il le fonctionnement de la généricité médiatique contemporaine voire renouvelle-t-il la  pensée des  genres ?
  • Le rapport à la science-fiction : cet axe vise d’une part à articuler la cli-fi à la science-fiction mais également à mesurer les apports des études sur la SF à l’analyse de ces œuvres. Une attention particulière pourra être portée sur les spécificités de la poétique cli-fi au regard de la poétique SF. Nous pourrons nous attarder par exemple sur les altérités lexicales. Plus largement encore les caractéristiques de la SF apparaissent-ils dans la cli-fi ? Y a-t-il un estrangement cognitif en jeu dans les fictions climatiques et en particulier qu’est-ce qui le suscite, le régule ? Est-ce que la nécessité de faire exister littérairement le climat entraîne des effets mesurables sur la construction du récit, sur le lexique, sur l’usage et la place des descriptions ?
  • Le rapport à la science : Nous invitons à réfléchir aux façons dont les fictions climatiques engagent la culture scientifique, en particulier, climatique dans ses récits. En questionnant, notamment- et en comparant science-ficiton et fiction climatique dans leurs rapports entre science et fiction. Y a-t-il une hard cli-fi ? Il s’agirait de mettre en perspective les modalités d’intégration des discours scientifiques liés à l’Anthropocène d’un point de vue stylistique notamment Dans cette continuité pourront être interrogés et par exemple recensés les « effets de science » dans ces récits et notamment en lien avec la climatologie et ce sans cesser de questionner « le climat » : où arrête-t-on l’idée même de climat ? Comment fait-on exister dans la fiction quelque chose d’aussi complexe, polymorphe, systémique, hors d’échelle que « le climat » ? Conjointement un parallèle entre histoire des sciences (ou des discours sur la science) et histoire littéraire de la cli-fi pourrait être tissé.
  • Une histoire littéraire : une généalogie médiatique et médiatisée du genre se constitue depuis une dizaine d’années. Elle se construit non seulement par la recherche universitaire depuis Anthropocene Fictions: The Novel in a Time of Climate Change d’Adam Trexler (2015) jusqu’à la thèse de Claire Perrin « La sécheresse et le changement climatique dans les romans états-uniens de John Steinbeck à la cli-fi » (2020), mais aussi ses consommateur.rice.s. Toutefois cette généalogie est sujette à débats . Une consolidation de l’histoire des imaginaires climatiques serait nécessaire. À quand faire remonter la naissance du genre ? Certains titres surnagent : L’Épopée de Gilgamesh, Sans dessus dessous de Jules Verne, The Grapes of Wrath de John Steinbeck, La Quadrilogie apocalyptique de J.G. Ballard, Quels sont les corpus et quelles méthodologies pour les identifier ? Que dire du méta-récit de l’histoire du genre en cours de construction ?
  • Un champ littéraire en formation : nous souhaitons initier une cartographie des acteurs et actrices du genre. Qui sont les auteur.es de la climate fiction : des scientifiques, érudit.es, militant.es du climat ? Dans quelles maisons d’édition et dans quelles collections sont publiées ces œuvres ? Quelle est la place de l’autoédition ?Nous pourrons aussi réfléchir à la réception des fictions climatiques en poursuivant les travaux de réception effleurés par Matthiew Schneider-Mayerson dans son article « The Influence of Climate Fiction: An Empirical Survey of Readers » (2018) ; en examinant les pratiques des consommateur.rice.s. de fictions climatiques et en interrogeant leurs liens avec les pratiques, usages et sociabilités de celleux de science-fiction. Fans de science-fiction et de fictions climatiques convergent-ils ?
  • Horizons médiatiques : même si la littérature constitue le champ d’étude privilégié de ce dossier, nous accueillerons toute proposition qui soit à même de lier une étude du corpus littéraire avec des analyses portant sur des œuvres cinématographiques, graphiques ou artistiques.

L’objectif est de scruter ce phénomène plurimédiatique en construction. Les articles pourront relever de toutes les approches critiques et concerner toutes les aires culturelles et/ou linguistiques. Les articles devront être rédigés en français ou en anglais et compteront entre 25 000 et 30 000 signes. Pour tout renseignement complémentaire ou proposition sortant du cadre posé par l’appel, il ne faut pas hésiter à prendre contact avec la directrice du numéro (nadege.perelle@univ-eiffel.fr).

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